Rencontre autour de l’Indice de Changement Ecologique

Comment suivre l’évolution d’une population de cerfs et chevreuils d’une année à l’autre, et caractériser sa pression sur le renouvellement forestier ? Professionnels de la forêt et chasseurs ont dialogué autour d’un cas concret en forêt de St Hugon mercredi 8 Juin.

Les forêts nous offrent de nombreux services, que ce soit de la production de bois, un lieu de loisir, un puit de carbone ou la protection contre les risques naturels. La gestion forestière, à travers les différentes opérations sylvicoles, permet d’assurer ces fonctions. Des facteurs viennent parfois freiner le fonctionnement de la forêt. Il s’agit dans certains cas du changement climatique, dans d’autres le manque de sylviculture et dans d’autres encore, le déséquilibre sylvo-cynégétique, c’est-à-dire une pression trop importante des cervidés (cerfs et chevreuils) sur la flore.

En forêt domaniale de Saint-Hugon, sur la commune de La Chapelle-du-Bard, l’Office National des Forêts ne peut plus assurer de revenus économiques. La forêt n’arrive pas à se régénérer, avec cette image marquante de milieu très ouvert, où même la ronce n’atteint pas plus d’une dizaine de centimètres. De nombreuses déjections viennent confirmer le passage récent de cerfs, très présents sur le secteur. Les seuls arbres présents sont ceux ayant plus de quarante ans, mais depuis, aucune régénération n’a pris malgré l’ouverture laissant pénétrer suffisamment de lumière. De petits épicéas de quelques dizaines de centimètres semblent grandir, mais quand on regarde bien, ils ont souvent déjà une dizaine d’années et se font régulièrement abroutir tels des bonzaïs.

Devant cette image très marquante et heureusement pas représentative de toutes les forêts du massif, la Chambre d’Agriculture, l’Office National des Forêts et l’Observatoire de la Grande Faune et des Habitats ont présenté l’Indice de Changement Ecologique (ICE). Il s’agit d’un indicateur pour suivre une population de cervidés sur un espace-temps donné, à partir de 3 informations :

  •    L’indice de performance, à partir de la masse corporelle des faons de cerfs et de chevreuils pesés par les chasseurs une fois prélevés  (la pesée électronique est nécessaire afin d’approcher une précision aux cent grammes près)
  •  L’indice d’abondance, à partir des comptages « au phare » répétés sur un itinéraire identifié, traversant différents types de peuplements forestiers,
  • L’indice floristique regroupant les indices de consommation et d’abroutissement, à partir d’un échantillonnage de placettes.

Belledonne est un site-test pour la mise en place de l’ICE, depuis 2020.

Cet indicateur est complexe car il fait intervenir plusieurs observateurs entre chasseurs et forestiers, sur des protocoles rigoureux et validés scientifiquement. Afin de limiter les biais d’observation, cette matinée a permis de calibrer les opérateurs sur le protocole et plus particulièrement sur les indices de consommation et d’abroutissement. Celui-ci consiste à se rendre sur un des 430 points GPS répartis de façon aléatoire en Belledonne, pour :

  1. Répertorier les semis ligneux présents dans une aire d’un m2,
  2. Evaluer l’état des 5 premiers semis de sapin, épicéa et hêtre,
  3. Relever la régénération basse (hauteur <1,80m) sur deux sous-placettes,
  4. Relever la régénération haute (hauteur >1,80m) dans un rayon de 10m.

Autour de cet outil multi partenarial, la Fédération De Chasse, les associations de chasse locales, quelques sylviculteurs, l’Office National de Forêts ont pu échanger sur leurs attentes pour partager le milieu.

Cette rencontre illustre la très bonne entente entre forestiers et chasseurs que l’on peut noter sur le département de l’Isère.

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