Le territoire de Belledonne abrite des milieux naturels particulièrement riches en biodiversité et variés
Un massif cristallin entre Arc et Isère
La chaîne de Belledonne est considérée comme un massif cristallin externe septentrional. Elle est en fait un long alignement de sous massifs. Se succèdent du nord au sud : le grand Arc, la Lauzière, les Sept Laux et Belledonne proprement dit. Cet ensemble est prolongé au sud par le massif du Taillefer qui fait la transition avec l’Oisans et, au nord, par la partie occidentale du Beaufortin lui-même prolongé par les massifs jumeaux des Aiguilles Rouges et du Mont Blanc.
Outre le granite, Belledonne est caractérisé par une famille de roches cristallophylliennes dont les plus courantes sont les amphibolites. Ces dernières sont très bien représentées sur les pics de Belledonne. Les collines bordières sont, quant à elles, issues du chevauchement complexe de la Chartreuse orientale sur le socle cristallin. Elles sont formées d’alternances de marnes et de calcaire argileux sombres et séparées du cristallin par une combe monoclinale.
Formes et paysages
Aux formes rondes et rassurantes des collines bordières, on oppose les hauts sommets aux crêtes acérées et découpées, révélant une nature sauvage et une ambiance de haute montagne. Entre les deux, l’érosion glaciaire a individualisé un certain nombre d’auges dans la couverture morainique. Ces petits territoires constituent des unités paysagères dont le découpage est souligné par l’érosion torrentielle.
Un climat caractéristique des Alpes du nord
Les précipitations importantes enregistrées résultent en fait de l’effet barrière aux vents d’ouest. Elles permettent ainsi la présence de nombreuses zones humides intéressantes sur le plan patrimonial. Les lacs d’altitude sont les plus connus comme le lac Achard.
Un des pôles majeurs de tourbières acides en Rhône-Alpes
La chaîne de Belledonne est identifiée parmi les territoires comptant les plus fortes concentrations de tourbières acides en Rhône-Alpes. Au niveau national elle représente un enjeu important pour ses ensembles de zones humides.
Les tourbières acides sont le plus souvent situées en tête de bassin versant et dans les secteurs où la pluviométrie est importante. Elles se forment sur le moindre replat, de quelques mètres carrés à plusieurs dizaines d’hectares.
Les tourbières alcalines quant à elles, s’insèrent à des altitudes plus modestes. C’est souvent à la faveur des moraines calcaires déposées sur les contreforts cristallins qu’elles se développent en concentrant une flore originale pour Belledonne.
Une origine glaciaire pour la plupart des lacs
La chaîne de Belledonne est constellée de nombreux lacs d’altitude et de mares qui diffèrent par leurs dimensions, la minéralogie locale, leur couleur, leur végétation ou la faune qu’ils hébergent.
Les lacs polaires, de haute altitude, sont les plus froids et les plus pauvres. En été, la température maximale de surface est de 5 °C et la couverture de glace s’éternise plus de 10 mois. On n’y trouve ni végétation aquatique ni poisson, seulement de la matière minérale en suspension qui leur donne un aspect laiteux.
Les lacs froids sont situés sous des climats relativement rudes. La surface de l’eau ne dépasse pas 9° C en été et la couche de glace perdure 8 mois. Le bassin versant est dominé par une roche peu altérable ; l’eau est donc peu minéralisée et très limpide.
Les lacs de pelouse ne disposent pas encore de conditions climatiques clémentes. La température estivale de surface est d’environ 12° C et la durée de persistance de la glace est de 7,5 mois. La végétation dominante du versant est la pelouse.
Les lacs verts sont des plans d’eau plus chauds, plus riches et plus productifs. La température de la surface de l’eau est de 15° C en été et la couche de glace se maintient 6,5 mois. La ceinture végétale est plus importante que dans les autres lacs alpins. La couleur verte de l’eau est due à la matière organique et au phytoplancton.
L’extraordinaire cembraie de Chamrousse
Seul résineux autochtone à afficher des aiguilles regroupées par cinq, le pin cembro, ou arolle, peut atteindre l’âge de 600 ans, mais rarement plus de 25 m de haut. Toutefois, son tronc continue de croître en épaisseur, pouvant atteindre 5 ou 5 m de circonférence. Il est plus facile alors de résister aux intempéries ; La cembraie de Chamrousse correspond à la frange supérieure de la forêt, qu’elle partage, dans les parties les plus basses, avec la pessière à myrtilles et, le long des ruisseaux, avec les aulnaies vertes. Son intérêt exceptionnel tient à trois aspects :
- au paysage remarquable qu’elle génère,
- à sa présence en limite occidentale de répartition
- au mélange quasi unique dans les Alpes occidentales avec le pin à crochet.
La réserve de chasse de Belledonne en vidéo.
Patrimoine naturel et paysager de Belledonne
Engagements internationaux
2 981 ha sont inventoriés en site Natura 2000 : site I 11« Cembraie, pelouse, lacs et tourbières de Belledonne, de Chamrousse au Grand Colon » et site S 40 « Réseau de zones humides et alluviales des Hurtières ».
Inventaires du patrimoine naturel et paysager
37 ZNIEFF réparties sur le territoire :
33 ZNIEFF de type I, pour une superficie totale d’environ 18 441 ha, soit 40 % du territoire
4 ZNIEFF de type II « chaîne des Hurtières », pour 83 690 ha
97 tourbières et zones humides recensées, pour environ 1 549 ha
Espaces potentiellement favorables au Tétras-lyre
Protections réglementaires
3 sites classés : 52 ha
3 sites inscrits : 870 ha
Site I 11 Natura 2000
Ce site inscrit à la procédure Natura 2000 s’intitule “cembraie, pelouses, lacs et tourbières de Belledonne, de Chamrousse au Grand Colon”. Le site s’étend sur cinq communes pour une surface de 2 686 ha allant de 900 à 2800 m d’altitude. 96 % de sa surface sont recouverts par 5 ZNIEFF. L’originalité géologique du site réside dans la juxtaposition de roches siliceuses donnant un sol acide et de roches calcaires. Cette particularité fait se côtoyer des espèces végétales liées à des types de milieux bien distincts, voire opposés. À l’échelle de ce site 106 habitats ont été recensés dont 66 % d’intérêt communautaire.
Les usages présents sont d’une extrême diversité (pastoralisme, chasse, pêche, activités sportives hivernales et estivales…). Les objectifs définis par type de milieux s’orientent avant tout vers une préservation de l’ensemble des habitats communautaires, une maîtrise des flux de visiteurs et des effets néfastes de sur-fréquentation.